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3. Evolutions et influences des cultures archéologiques

3.1 L'étude de la céramique

3.1.1 Considérations générales

En archéologie, les ethnies sont parfois déterminées en fonction des techniques, des formes céramiques et de l'organisation des zones décorées qui laisse transparaître quelques constantes propres à chaque catégorie bien plus que les types de décors. En effet certains récipients céramiques présentent des caractéristiques propres à une population. Néanmoins la poterie n'est pas toujours spécifique d'une population déterminée: les changements culturels et les migrations sont difficiles à distinguer. Deux notions sont à connaître pour interpréter une séquence culturelle. D'abord le mode de peuplement qui est stable ou se déplace. Ensuite le mode d'évolution de la culture matérielle qui est continu ou qui rompt avec l'évolution.

La description des céramiques permettrait une identification culturelle des bâtisseurs de tumulus. L'objectif est de constituer une sériation (ou typo-chronologie) par site et par zone géographique. Nous aurons ainsi une vision synchronique et diachronique cohérente du phénomène des tumulus sénégambiens.

Actuellement trois types de céramiques sont relativement bien connus des chercheurs, il s'agit de la céramique cannelée au Nord du Sénégal, de la céramique carénée de la zone mégalithique et de la céramique à couvercle du delta du Saloum (Fig. 4).

Hypothèse de diffusion des cultures céramiques sénégambiennes entre le VIIIe siècle et le XIIIe siècle
Fig.4 Hypothèse de diffusion des cultures céramiques sénégambiennes entre le VIIIe siècle et le XIIIe siècle

3.1.2 La céramique cannelée

Au Nord-est du Sénégal, un type de céramique est reconnaissable par son engobe lissé bordeaux, ses cordons ajoutés et ses cols cannelés. Les céramiques de Sintiou-Bara sont les plus représentatives de ce style. Elles sont constituées de coupes à pieds et de pots de petite dimension. L'ornementation est constituée de cannelures au niveau des cols (et des pieds pour les coupes), d'un engobe bordeaux et de sillons profonds dans la pâte formant des motifs géométriques.

S.K. et R.J. McIntosh ont établi une chronologie céramique pour la moyenne vallée du fleuve Sénégal à partir des sites de Tioubalel et Siouré. Les bords à collet ou lèvres en bourrelet aplati sont fréquents à la phase III-B, datée de 800-950 ap. J.-C. Ce type de lèvre ressemble à celle que nous avons dessiné pour les tessons du gent sereer de Vendou-Siemé (fig. 7). Il s'agit soit d'une similitude de forme, soit de la même culture céramique. Les bords à collet de la moyenne vallée du fleuve Sénégal ont-ils été fabriqués par des sereer avant leur grande migration vers le Sine et Saloum?

Pendant la phase IV, qui va de 950 à 1200 ap. J.-C., l'engobage et les cols cannelés sont diffusés jusqu'à l'embouchure du fleuve Sénégal. Cette phase est suivie d'un hiatus dans la culture matérielle céramique peut-être dû à l'effondrement des forces politiques dans la région du Fouta-Toro. La phase suivante est plus floue, elle est associée à des pipes à fumer à partir du XVIe siècle.


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Last updated: Thu Jul 31 1997