Quiconque s'intéresse aujourd'hui à l'archéologie funéraire en Gaule septentrionale se heurte d'emblée à une difficulté majeure, à savoir la disparité de l'état de la recherche sur les différentes régions. Celle-ci est tellement grande qu'elle rend à l'heure actuelle impossible toute tentative de synthèse générale pour l'ensemble de la Gaule du Nord. Alors que des travaux récents ont établi le bilan de nos connaissances pour d'autres provinces de la partie occidentale de l'empire romain, de telles synthèses font actuellement défaut pour la Gaule du Nord et les Germanies. (Le travail de Van Doorselaer (Van Doorselaer, 1967 ) couvrant l'ensemble de la Gaule du Nord est aujourd'hui, sous beaucoup d'aspects, dépassé par le progrès de la recherche).
La réalisation de telles synthèses se heurtera à d'énormes problèmes pratiques aussi longtemps que nous ne disposons pas de bilans régionaux qui présenteraient, de préférence au niveau des différentes civitates, de manière plus ou moins standardisée l'ensemble de la base documentaire aujourd'hui disponible.
Le projet de recherche dont les premiers résultats seront présentés ci-dessous a été conçu à partir de ce constat. Les buts qu'il poursuit pourront par conséquent être situés sur différents plans:
Le cadre géographique choisi est celui du Grand-Duché de Luxembourg actuel.
Fig. 1 Grand-Duché de Luxembourg
Le choix de ce cadre géographique qui, s'il représente une partie importante de la civitas treverorum, ne correspond cependant à aucune entité géographique antique, s'explique et se justifie avant tout par des considérations d'efficacité.
Fig. 2 Le territoire de la civitas treverorum
Le fait que le territoire antique de la civitas treverorum se trouve aujourd'hui partagé entre quatre Etats nationaux modernes (l'Allemagne, la Belgique, la France et le Luxembourg) a conduit à une fragmentation particulièrement grande de la recherche archéologique et a par conséquent entraîné un état de la recherche très disparate entre les différentes régions. Comme les moyens humains et financiers disponibles dans le cadre de la recherche sont très limités et que d'un autre côté le projet vise à l'élaboration d'une synthèse de référence, il nous a semblé préférable de concentrer nos efforts sur la partie la plus facilement abordable à partir de Luxembourg. Il y a donc eu à la base du projet une option délibérée pour une recherche très poussée sur un espace restreint au détriment d'une analyse plus superficielle sur un territoire plus vaste.
D'un point de vue chronologique, toutes les découvertes archéologiques datables entre la deuxième moitié du 1er siècle ap. J.-C et le 5e siècle ap.- J.-C. seront prises en compte.
Le choix de la deuxième moitivé du 1er siècle ap. J. - C. comme point de départ de notre étude est motivée par plusieurs causes, liées à l'histoire de l'archéologie funéraire gallo-romaine (link texte principal: historique de l'archéologie) aussi bien qu'à la situation actuelle et aux acquis de la recherche au Luxembourg.
Les efforts de l'archéologie luxembourgeoise ont porté et portent toujours à l'heure actuelle avant tout sur la période de transition entre le La Tène final et les premières décennies de l'époque romaine. En témoignent toute une série d'études récentes consacrées soit à des nécropoles individuelles, soit à des vues d'ensemble de la documentation archéologique correspondante. Il aurait par conséquent été très difficile voire impossible d'apporter des éléments nouveaux sur la base du matériel déjà publié.
Ensuite et surtout, un nombre considérable de nécropoles appartenant à cette période de transition ont été récemment fouillées et sont encore en cours d'étude. Les années à venir apporteront par conséquent une série de publications qui rénoveront complètement nos connaissances sur les rites funéraires de ces premières années de l'occupation romaine de nos régions et rendraient caduque toute synthèse élaborée sur la base documentaire disponible à l'heure actuelle.
Enfin l'état actuel de la recherche permet de situer à l'époque néronienne une césure importante, au niveau de la répartition géographique des sites aussi bien qu'au niveau des rites funéraires.
Nous tenons toutefois à préciser que nous ne pouvons présenter ici qu'un aperçu provisoire d'une enquête toujours en cours. En effet, si la mise en inventaire des sites luxembourgeois recelant des tombes individuelles ou des nécropoles à incinération est désormais terminée, l'étude du matériel archéologique connu de ces sites, en grande partie encore non publié, n'en est qu'à ses débuts. Il s'en suit que les résultats et notamment les datations avancées dans notre communication ne sont que provisoires.
© Internet Archaeology
http://intarch.ac.uk/journal/issue4/polferf/1polferf.html
Last updated: Tue Dec 09 1997